Sous Vichy, un enfant antillais dans les pas d’une femme juive – Charles Chandler
« Les événements liés à la Seconde Guerre mondiale ont ébranlé ma vie. Mais mon destin n’a pas pour seule trame le déferlement de cette barbarie guerrière ; des événements singuliers et qui me sont personnels m’ont aussi profondément façonné. Les écrire, c’est exposer ce que j’ai fait ou ce que j’ai souhaité faire, ou ce que j’ai subi pendant cette période qui va de ma naissance à mes vingt ans. Je veux les fixer avant qu’arrive le moment où je n’ouvrirai plus les yeux sur ce monde. Présenter mes envies, c’est la vision les plus essentielles, pour cerner ce que je suis devenu, les événements réels étant accessoires pour décrire la construction d’un homme ».
1940, la guerre a éclatée, la France est occupée. Charles a cinq ans. Ses parents, originaires de Guadeloupe, se séparent et Charles part vivre avec son père et sa nouvelle femme, Rachel, à Paris.
Sa mère ne veut pas de lui. Elle a toujours eu une préférence pour son frère et affrontera la guerre avec lui. Elle dit ne pas être capable de protéger ses deux enfants. Mais en réalité une histoire de famille se cache là-dessous ; remettant en cause la place que Charles devrait avoir auprès de sa mère. Une place de mal-aimé qui persistera tout au long de sa vie…
Rachel est polonaise et n’est pas recensée comme « femme étrangère juive ». Un choix de son mari qui pressent que l’étoile jaune leur sera de mauvais augure. Finalement, ils seront tout de même dénoncés par un voisin.
Rachel va fuir avec Charles. Son mari, lui, sera déporté en Pologne.
Rachel protégera Charles comme s’il était son propre fils. Ils vont fuir vers le sud de la France et franchir la ligne de démarcation. Une zone encore non occupée par les Allemands.
Une traversée qui ne sera pas sans risque !
C’est en Suisse qu’ils vont trouver abri dans un « camp pour réfugier ». Les nuits vont être pénibles, les journées vont être longues. Ils vont côtoyer la faim, le froid, la mort… Jusqu’à La Libération. Après l’annonce de la fin de la guerre, ils pensent retrouver leur vie à Paris. Mais il n’en sera pas ainsi. Leur appartement est occupé, son père est retenu dans un camp soviétique. Il leur faudra trouver de l’aide.
Les années vont passer. La guerre est terminée mais la guerre froide a pris place. Charles grandit. Il se reconstruit, le pays aussi. Tant bien que mal.
Il fait des études, il est d’ailleurs très doué. Il trouve l’amour « Lui, noir – Elle, juive ».
Mais peut-on vraiment se remettre des traces de la guerre et reprendre un nouveau départ ? L’empreinte qu’elle laisse dans les esprits ne reste-elle pas indélébile ?
Charles Chandler nous raconte son enfance. Une histoire vraie ; bien que romancée. On pénètre dans sa vie, dans ses peurs, ses angoisses et ses démons qui le poursuivrons toute sa vie.
Nous lecteurs, nous revivons la guerre à partir de ses mots et ses émotions. Ce livre est à la fois un élément historique et un récit familial touchant et bouleversant. Je me suis plongée à cœur perdu dans cette histoire. J’ai frissonné tout le long. J’était prise à la fois par une envie d’arrêter ma lecture tellement la tristesse m’envahissait ; et l’envie d’aller au bout pour comprendre le cheminement des sentiments qui poursuivait cet enfant, puis cet adolescent.
Un récit passif chamboulant, écrit à la première personne, qui nous embarque dans l’esprit de ce jeune garçon qui subit cette guerre infernale.
Lecteurs, en choisissant ce livre, soyez prêt à être secoués et transportés dans une autre époque. Attendez vous à une lecture tremblante mais tellement puissante. Ne passez pas à coté de ce récit, il est toujours de notre histoire.