Quand la nuit devient jour – Sophie Jomain
« - Oserais-tu prétendre ressentir ce que je vis ? Vivre ce que je vis ? Me battre comme je me bats et souffrir comme je souffre ? Il s’agit de ma vie, pas de la tienne ! Je t’interdis de me juger, car tu n’as aucune idée de tout ce par quoi je suis passée pour en arriver là. Je vis un enfer depuis des années, je me mutile, je me blesse, je me fais saigner pour oublier à quel point chaque seconde de cette misérable existence est une lutte. Tu vois l’euthanasie comme une faiblesse ? Tu te trompes, ce sera ma délivrance ! »
Une citation des plus poignantes du livre qui remet chacun à sa place. Le jugement n’est pas permis quand on ne vit pas la vie des autres.
C’est exactement ce que Sophie Jomain nous transmet, ici, comme message à travers le personnage de Camille. Une jeune femme, qui d’apparence à tout pour réussir, oui mais seulement en apparence ! Le meilleur ennemi de Camille c’est la dépression.
Depuis son plus jeune âge, alors que les « autres » étaient dans l’insouciance ; profitaient, s’amusaient, grandissaient… Camille, elle, était tourmentée. Elle n’a jamais acceptée l’image qu’elle renvoyait d’elle-même. Son poids, ses formes, étaient une obsession. Très vite elle s’est trouvée aux prises des troubles alimentaires. Source de moqueries, Camille s’est petit à petit renfermée puis isolée abandonnant : études, activités, vie sociale…
Les douleurs chroniques, qu’elles soient d’ordres physiques ou psychologiques, sont devenues le quotidien de Camille.
Des souffrances tellement invivables qui vont conduire la jeune femme à faire un choix définitif.
Devenue adulte, Camille décide de faire une demande d’euthanasie dans une clinique de Bruxelles et de mettre fin à son calvaire. Une demande qui sera acceptée.
Au grand désespoir de ses parents. Eux qui ont toujours été présents, qui ont toujours tout fait pour sortir leur fille de son mal-être et surtout persuadée qu’elle peut en guérir ; ne comprennent pas son choix. La colère gagne sa mère. L’espoir perdure chez son père. Ses parents finiront-ils par accepter le choix de leur fille ?
Camille va rentrer en clinique et être suivi pour préparer dignement sa fin de vie.
Elle va rencontrer le Dr Peeters avec qui elle nouera rapidement une relation de confiance. Une relation qui pourrait bien dépasser le cadre professionnel…
Il y a aussi Brigitte, l’intendante de la résidence où Camille héberge à la clinique. Une femme sensible et très humaine qui va beaucoup aider Camille.
De tendres relations qui vont faire subsister tout au long du roman cette question : Camille va t-elle aller au bout de son projet ?
L’auteure nous captive dans un roman poignant et bouleversant d’émotions qui nous prennent aux tripes. On vit la douleur de Camille. Je me suis sentie prise de vertiges à la lecture du récit de cette jeune femme fragile et envahie par le chaos. Ses angoisses et ses souffrances nous submergent et nous embarquent dans sa vie. On vit l’histoire, on vit Camille et on est Camille.
Un anniversaire au poil – Sonia Dagotor
« Ca alors, bordel de merde…
J’ai déjà dit plus de gros mots que dans toute ma vie d’avant. Je suis sous le choc. Je suis devenue un mec pendant mon sommeil. C’est une mauvaise blague, un cauchemar ! « Je vais me réveiller, c’est sûr ! » dis-je en mettant des petites claques à ce machin nouveau entre mes jambes et qui faits des petits rebonds en réaction à chaque tapette. Allez, on se calme, essayons de relativiser. Bon… Je suis plutôt beau mec, du genre Ryan Gosling… Tu vois ? Les cheveux châtain clair, des muscles un peu partout, les épaules carrées, je me regarde de la tête aux pieds, waouh ! je mesure au moins un mètre quatre vingt-cinq. Ça aurait pu être pire ! Je suis un beau gosse et… je suis pris d’une violente envie d’uriner sauf que… comment je fais avec ce truc au garde-à-vous ? »
Vous êtes-vous déjà imaginés ce que pouvait-être la vie dans le sexe opposé ? Oui ? Non ? Et bien, Sonia Dagotor l’a fait !
Julie, célibataire, sans enfant, vit seul. Assistante de Paul, un patron minable ; elle subit sa vie qu’elle n’avait pas imaginée telle quelle à l’approche de ses trente ans. Après quelques rencontres peu fructueuses et des relations catastrophiques, Julie ne comprend décidément pas les hommes. Déprimée, s’est accompagnée d’une bonne bouteille de vin et d’un joli cupcake honoré d’une bougie qu’elle fête son anniversaire, seul chez elle. Son vœu : « J’aimerais enfin comprendre les hommes ! »
Le matin de ses trente ans, la voilà qu’elle se réveille avec stupeur avec un drôle de truc entre les jambes. Voilà que Julie se retrouve avec une bite ! Le choc !!!
Pour la petite histoire de famille, à sa naissance, ses parents pensaient avoir un garçon. Ils avaient déjà prévu son prénom : Julien. Et puis surprise : c’est une fille. Julien devint Julie.
Mais ce matin-là, à la découverte de son entrejambe, Julie devint Julien ! Mais que penser de tout ça ? Que se passe t-il ? Son vœu se serait-il réalisé ? Julie, enfin Julien ne comprend plus rien !
Julie est-elle en train de rêver ? Ou vit-elle vraiment dans le corps d’un homme désormais ?
Elle, enfin il, se redécouvre dans une nouvelle vie. Une vie presque rêvée. Un bel appartement. Une belle voiture. Des objets à la pointe de la technologie. La seule chose qu’elle (il) ne maîtrise pas c’est ce foutu truc entre les jambes ! Chaque matin, c’est le même rituel au réveil, vérifier son sexe. Et non ! Toujours ce même sexe masculin.
Chaque rencontre rend Julie/Julien très bizarre aux yeux de ses proches. Une cuite ? Une amnésie partielle ? Faut dire que ce Julien dans cette vie, à une vie bien plus trépidante que dans celle de Julie.
Il y a Paul, son patron. Enfin le patron de Julie. Qui est le collègue de Julien et son ami aussi. Vous suivez ? 😉😉😉
Ses parents, et surtout sa mère, sont inquiets pour ce fils chéri qui semble ne pas aller très fort.
Et sa voisine, est une drôle de petite dame.
L’auteure s’amuse beaucoup avec les clichés type du mec en général. Les grosses bagnoles, les matchs de foot, les grossièretés, les femmes et bien sûr le sexe.
Et l’homme malade aussi, une drôle d’explication…
Sonia Dagotor réussi avec brio à écrire dans la peau d’un homme. Une lecture très amusante. Les pages et les mots défilent tout seuls avec légèreté. Si vous avez besoin de vous détendre c’est le livre qu’il vous faut !
Mesdames, sans conteste, vous ne verrez plus l’homme de la même façon. Plus furieuse, plus indulgente. Tout dépend de votre degré de tolérance...
Messieurs, nous confirmerez-vous que ce ne sont que des clichés ?
Pour conclure de cette lecture fort sympathique. Je dirais que je comprends mieux mon mec maintenant. Mais au final, qu’est-ce que je suis contente d’être d’une femme !! 😅
Petite question à l’auteure : avez-vous été un homme dans une autre vie ? 😜😜😜
L’habit ne fait pas le moineau – Zoé Brisby
« - Ça va marcher comme sur des boulettes.
- Des roulettes. C’est « comme sur des roulettes. »
- Tu ne vas pas recommencer. J’ai toujours dit « comme sur des boulettes », c’est ça l’expression.
- Eh bien vous vous êtes toujours trompée.
[ … ]
- Bon. Soyons d’accord sur notre désaccord. Tu penses que ce que je pense est faux et je pense que tu penses connaître la vérité alors que ce que tu penses ne l’est pas. Mais surtout, je ne veux pas que tu penses que je pense à ce que tu penses comme étant juste car alors tu penserais mal. Mais si tu penses que je pense que si tu y penses tu te rangeras à mon opinion, alors tu penses bien. Voilà, comme ça, les choses sont plus claires. »
Voilà les choses sont plus claires ! Oui on doit s’attendre à un récit rempli d’humour qui se veut par la rencontre de deux personnages, mais complètement différent en tout point ou presque.
L’un, Alex, jeune homme au caractère dépressif qui subit la vie plutôt que de la vivre.
L’autre, Maxine, une nonagénaire (ou pas) qui, elle, croque la vie à pleine dent.
Une rencontre « choc » qui va amener ces deux personnages à vivre une aventure extraordinaire que l’on ne soupçonne absolument pas en début de lecture.
C’est sur un site de covoiturage que ces deux là échangent et se retrouvent à bord de la Twingo d’Alex en direction de Bruxelles. Mais pourquoi Bruxelles ?Maxine sort d’une maison de retraite et le mystère sur cette direction reste entier. Alors qu’Alex reste très vague sur ses projets ; d’ailleurs en a t-il ? Au fil des pages, l’on découvre avec beaucoup d’émotions ceux de Maxine. Atteinte de la maladie d’Alzheimer, elle souhaite mettre fin à sa vie dignement.
Le décor est posé. On s’attend à vivre un récit remplit de tristesse et de sentiments bouleversants les uns après les autres. Mais il n’en est rien !
Zoé brisby nous embarque dans une toute autre écriture en jouant à fond la carte de l’humour. Et cette Maxine ne manque vraiment pas d’humour ! Entre son franc parlé et ses expressions complètement décalées on ne peut que rire et se prendre d’affection pour ce personnage. Alors qu’elle fera tout pour redonner la joie de vivre à son compagnon de route, celui-ci se missionnera pour l’empêcher d’aboutir à son projet de fin de vie.
Mais c’est sans compter sur quelques mésaventures rencontrées sur la route de Bruxelles. Des situations pour le moins drôlement drôles !!!
Page après page, la seule question que l’on se pose c’est : arriveront-ils à destination ?
L’auteure aborde ici le sujet sensible qu’est la maladie d’Alzheimer, accompagné de personnages délicieux, sur des scénarios complètement rocambolesques.
On rit, beaucoup ; on se prend au jeu du récit et de ses deux acolytes. On a l’étrange sensation de les suivre, parfois même d’être avec eux. Je suis tellement rentrée dans l’histoire, que je me suis surprise à parler à Alex et Maxine ; comme pour leur indiquer la direction à prendre. Et puis j’ai ressentie de la tristesse et du désarroi aussi à me demander : mais que vont-ils devenir ? Vont-ils s’en sortir ? Alex va t-il remonter la pente ? Et surtout Maxine, oui Maxine ?
Bien sûr il va falloir lire le livre pour connaître la réponse à toutes ces questions, vivre leurs aventures et assister au surprenant dénouement. Ces personnages sont un peu nous parfois, c’est une lecture qu’on habite. Une histoire à la fois drôle et touchante, parfois piquante. On reprend goût à la vie !
Merci Zoé Brisby pour ce beau voyage.
Le mystérieux secret de Jane Austen – Lhattie Haniel
Mais qui est Jane Austen ?
Jane Austen n’est pas qu’un personnage de fiction ; un nom utilisé pour ce roman. Et non ! Jane Austen est une auteure anglaise à succès du XIXe siècle. Surtout connu pour sa célèbre œuvre « Orgueils et Préjugés » reprit cinématographiquement.
Dans son roman, Lhattie Haniel, nous plonge au cœur d’un univers historique où l’on découvre les traits d’un personnage, Jane Austen, depuis sa naissance jusqu'à sa jeune vie d’adulte.
Une enfant qui aime lire et écrire dès son plus jeune âge.
Un père qui l’encourage dans cette éducation ; lui-même porté par l’intérêt de la littérature et disposant d’une importante bibliothèque.
Une jeune femme qui aime sa jolie campagne où elle vit et grandit.
On découvre ses premiers écrits, ses premiers émois… Un amour qui lui sera interdit.
Jane Austen a un attachement très particulier et très intime avec sa sœur, Cassandra, à qui elle peut tout dire et tout confier.
Une biographie romancée et réussie, on se fond dans ce décor d’époque. Narré par le personnage de Jane Austen, chaque page nous conduit à en savoir plus sur cette jeune femme.
PUIS, TOUT À COUP, CHANGEMENT DE DÉCOR. Surprise. Ce livre, ce roman, cette histoire se transforme ! Voilà que Jane Austen se retrouve en l’an 2017.
Projetée dans le futur, Jane se retrouve dans un lieu et un endroit complètement inconnu. Heureusement, elle va faire la rencontre d’Elizabeth qui va la prendre sous son aile.
« Madame, je ne sais ce qu’il m’arrive, mais croyez-moi ! Je ne suis pas de cette époque ! Je croyais que j’avais rêvé, hier soir [ … ] Je n’ai rien à faire à cette époque. Je m’appelle Jane Austen, répéta-t-elle en fermant les yeux et en serrant ses mains très fort l’une dans l’autre dans une sorte de prière avec le vœu que celle-ci la ramène immédiatement dans sa chambre afin qu’elle s’y réveillât.
- Oui, je sais très bien que vous vous appelez Jane Austen.
[…]
C’est d’ailleurs parce que vous portez le nom de l’un de mes écrivains préférés que je vous ai embauchée, Jane.
- Non, Madame ! Ce ne peut être que moi ! Je suis née en 1775, insista-t-elle le regard plein d’angoisses
- La Jane Austen de 1775 ? »
Et, comme deux âmes connectées, comme si les âmes ne pouvaient se quitter, comme si les âmes sœurs étaient faites pour se retrouver dans chaque vie et dans chaque époque ; elle y retrouve son premier amour, son amour interdit... interdit au XVIIIe siècle !
Mais que va t-il se passer ? Comment Jane va t-elle survivre dans un monde qu’elle ne connaît pas et si différent de celui dans lequel elle vit ?
Jane va vivre une expérience unique, faire des rencontres uniques… qu’elle va conter jour après jour dans des lettres destinées à sa sœur, Cassandra. Une sœur qui lui manque énormément.
Mais alors qu’elle s’habitue a sa nouvelle vie, Jane va t-elle y rester ou va t-elle retrouver son époque ?
Dans ce livre on passe d’un récit biographique à un récit d’invention. Quelle superbe idée ! Un peu de piment là où on ne s’y attend absolument pas. L’auteur nous embarque dans une romance inédite qui communique entre passé et présent. Mêlant l’écriture d’époque à l’écriture contemporaine. J’ai adoré les changements de tons. Des personnages réels et décrits dans la première partie biographique font échos au second récit.
Une belle plume de Lhattie Haniel pour ce roman que je recommande ; si vous aimez l’histoire et les histoires d’amour !
Les promesses de nos lendemains – Tiphaine Hadet
«J’ai trente-sept balais. Je suis divorcée et j’ai trois enfants. Mon ex m’a abandonnée comme une vieille chaussette trouée qu’on n’a même pas essayé de repriser. Mes parents sont des fanatiques religieux qui ont bridé une partie de mon enfance face au monde, poussant une majorité de ma fratrie vers une intolérance crasse. C’est mon ex-belle-mère qui, malgré elle, a fait en sorte que je ne sombre pas dans une dépression solitaire, faisant fi de ses propres démons. La plus jeune de mes nièces est gravement malade, enfermée dans un hôpital blanc mais amoureuse pour la première fois. Et là, j’ai envie de m’enfuir sans bruit, en prétextant n’importe quoi, pour me blottir dans les bras d’un inconnu qui me regarde comme s’il m’avait toujours aimée. »
Voilà une belle citation qui pose d’emblée le décor dans lequel Valentine, mère célibataire de trois enfants se retrouve. Son mari lui avait toujours dit qu’à ses trente-sept ans, il la quitterait . Ce qu’elle a longtemps pris pour de l’humour ; est devenu réalité quelques jours après avoir fêté son anniversaire.
Franck, son ex-mari est donc parti vivre sur un autre continent ; et là voilà seule à gérer le quotidien de ses enfants. Elle peut compter sur Edwige, son ex-belle-mère, bien qu’un peu intrusive, elle est d’une grande aide.
Pour combler sa solitude, Valentine renoue avec l’écriture et s’inscrit sur un réseau social d’échanges et de partages. Elle rencontre Léa avec qui elle noue rapidement une amitié. Une amitié qui va l’amener à vivre une aventure humaine unique.
Il y a aussi Claire, sa sœur, qui débarque du jour au lendemain, ce qui n’est pas à son habitude. Valentine s’imagine tous les scénarios possibles de ses retrouvailles si spontanées et si pressantes. Mais bien loin de celui que sa sœur s’apprête à lui annoncer. Les liens familiaux se réactivent soudainement, bouleversent les cœurs et les esprits ; nous bouleversent, nous lecteurs…
« Les promesses de nos lendemains », c’est aussi un titre positif, porteur d’espoir ; avec une héroïne de tout les jours : une mère de famille. Une histoire tellement banale de nos jours : un divorce, une séparation, une déstructuration familiale. Bien loin de faire peser le poids de la culpabilité sur les parents, nous parcourons tout au long de ce récit la force et la volonté de cette maman pour reconstruire sa famille, redonner à chacun sa place. Et surtout redevenir Femme !
Dans son roman, Tiphaine Hadet, mêle la musique à l’écriture. Un mélange réussi qui nous plonge dans une histoire à la fois folle et tendre. Une lecture pleine d’émotions ; quand au début la tristesse nous accapare, le drame familial nous touche au cœur ; très vite l’optimisme refait surface. Pour finir, tout est bien qui fini bien !
Une lecture qui fait du bien !
Sous le soleil de mes cheveux blonds – Agathe Ruga
« Oh, Brigitte. Comment peut-on quitter si brutalement les gens qui nous aiment. Je repense à notre soirée pomme et coca light. Qui d’autre que nous aurait pu rire autant avec ces deux ingrédients ? Nous rentrions d’une soirée quelconque, et notre meilleur moment a été de nous photographier, allongées sur le carrelage de mon studio, à 4h du matin, une pomme dans la bouche, un coca dans la main. Nous avions baptisé ce moment « la soirée Pomme ». Je n’ai aucun souvenir de ce que nous avions fait avant, ni pourquoi nous nous sommes retrouvées par terre à manger des pommes. Seule la photo reste, l’une sur l’autre, à l’aube, exagérément euphoriques. Ça ne peut plus arriver, à trente ans, de se lâcher autant. La fête entière est résumée dans ce moment avec toi. »
A celle qui m’a inspirée ce blog, je me devais de lui consacrer une chronique pour son premier roman. Un premier roman remarqué, lié d’émotions et de sentiments incontestés entre deux amies que tout oppose et que tout rapproche aussi. Une amitié (presque) inébranlable qui ressemble plus à un couple qui s’aime autant qu’il se déchire.
Blonde et Brune, comme elle se surnomme, se rencontre au lycée. C’est une amitié de dix ans que l’on va suivre sous le récit de Brune. Brune retrace avec nostalgie et mélancolie leur vie d’adolescente puis de femme. Elles ont toujours tout partagés, peut-être même trop... Leurs histoires d’amours, leurs chagrins d’amours, leurs tourments… Comme une union pour le meilleur et pour le pire.
A l’heure de son récit, Brune est enceinte de son deuxième enfant. Ses rêves sont hantés par sa meilleure amie, cette amitié évanouie. Comme un présage, elle l’imagine elle aussi enceinte ; à vivre ensemble leur grossesse. Comme deux âmes connectées, deux âmes inséparables.
Tout au long du récit, c’est un mystère pour nous, lecteur : mais qu’est-ce qui a bien pu rompre cette amitié ? Une amitié aussi forte ?
Ce roman se vit comme une dernière déclaration à une amie. A tous les événements passés : les bons comme les mauvais. A une amitié qui a existé, qui n’existe plus mais qui perdurera dans les esprits et dans les cœurs.
Un roman qui nous anime sans aucun doute et à lire absolument. Un récit tellement simple, une histoire qui paraît tellement banale ; que tout le monde peut se sentir concerné. Chacun peut s’identifier, se reconnaître. Parce que les amitiés se font et se défont. Parfois avec raison, parfois sans raison. Parce que chacun évolue, change, prend des chemins différents, fait de nouvelles rencontres… Tout simplement parce que la vie suit sont cours.
On rit, on pleure. On est envahi par une page de joie et celle qui suit est pleine de tristesse. Une écriture fantastique qui nous embarque et nous fait vivre intensément cette histoire.
Papa est-ce que je peux venir mourir à la maison ? – Tony Delsham
« Un jour, une cigarette acceptée mécaniquement, la première de la semaine ou du mois, le trafiquant introduit une minuscule boule de crack, quantité infinitésimale, sans grande conséquence apparente. Mais l’organisme est immédiatement en phase de demande, une seconde cigarette, une troisième. Au moment où on se rend compte que l’on fume de la drogue, il est trop tard.
C’est comme ça que Jean-Christophe a eu Juliana. »
L’auteur nous invite dans l’un des plus grand fléau de la Martinique : celui dominé par la drogue, ses drogués et surtout ses trafiquants. Une Martinique complètement meurtrie ; Tony Delsham met le doigt sur une tragédie sociale en nous racontant l’histoire d’un père prêt à tout pour sauver sa fille de ce monde, de cette drogue qui la consume.
Et surtout une histoire inspirée de faits réels qui nous rend encore plus sensible à la lecture de ce livre.
Juliana, une fille brillante, qui suit la voie de son père, avocat, en menant des études de droit. Un père dont elle a été toujours très proche. Mais, voilà qu’un jour, elle l’appelle, pour la première fois, après avoir consommé de la drogue à son insu.
L’enfer commence…
Après plusieurs tentative de désintoxication, qui se sont solvés par des échecs, des rechutent ; son père décide de prendre lui-même les choses en mains, en vers et contre tous, surtout contre sa femme, Solange, qui rejette sa fille, comme « la mauvaise graine de la famille », le mauvaise exemple pour son frère et sa sœur : la honte à ne pas montrer.
Ce père convaincu qu’il peut la sauver, sa fille chéri, ils se retirent donc dans la campagne martiniquaise pour revenir aux choses essentielles de la nature ; et coupé du monde extérieur.
Edith les accompagne. Présente depuis des années dans le foyer familial pour les aider ; très attachée aux valeurs et traditions de la Martinique. Elle est considérée par tous comme un membre de la famille. Elle sera un soutien physique et moral.
Juliana va t-elle réussir à s’en sortir ? Son père va t-il sauver sa fille chérie ?
Des événements qui vont bouleverser toute une famille. Décimer un couple. Anéantir un corps en souffrance, en manque. Mais l’auteur nous renvoie également aux valeurs essentielles de la vie, aux relations qui unissent un enfant et son père.
Une fin des plus surprenante. Un livre renversant, émouvant, captivant qui retrace l’itinéraire d’un homme, d’un époux, d’un père aux valeurs morales familiales et sociétales avec force et courage. Ce livre nous fait pleurer, nous mets en colère, nous émeut, nous fait frissonner… tellement de sentiments et de sensations qui nous font vivre ce récit comme si nous y étions. On ne peut qu’apprécier la lecture de ce roman car chacun d’entre nous peut s’identifier aux personnages, à l’histoire et aux drames que vit cette famille.
Maintenant, comme avant – Juliette Arnaud
« Quand j’ai ouvert la porte, et que derrière la porte, dans le contre-jour, se tenait la femme qui s’est révélée être ma génitrice, ça m’a fait pile comme si je voyais enfin la fille que je rêvais d’être. »
Rose a dix huit ans. Elle a été élevée par son père Emiliano et sa grand-mère. De ce qu’elle sait, sa mère a préféré vivre de sa passion pour le rock. Elle tient d’ailleurs son nom du groupe Guns N’ Rose.
Et puis là voilà, qui pour son entrée dans sa vie d’adulte, qu’elle débarque de nulle part : sa génitrice comme elle l’appelle ou Manette.
Heureusement, elle peut compter sur son meilleur ami Moïse, chez qui elle peut se réfugier. Un meilleur ami qui aimerai être bien plus qu’un ami.
Quand à Emiliano, il semble toujours être autant épris de Manette, comme un plaie toujours ouverte, une cicatrice jamais pansée.
Il y a aussi Bruno, le meilleur ami d’Emiliano et qui s’avère être le plus grand fantasme de Rose.
Sa grand-mère...sa grand-mère, elle qui avait prévu que Manette n’était pas faite pour Emiliano, a donné toutes ses forces et toute sa vie pour son fils et sa petite-fille.
Manette fait les « cancans du village ». Un retour bien remarqué. Pendant ce temps, Rose fait tout pour la fuir et en même temps se pose tellement de question sur cette femme.
Rose et Manette vont-elles réussir à se parler ? Vont-elles se réconcilier ? Est-ce qu’elles vont se retrouver ?
Une histoire familiale des plus touchantes. Une famille décomposée, déchirée, brisée. L’histoire s’enchaîne comme des morceaux de puzzle à recomposer.
Une lecture parfois difficile à suivre. L’auteur à tendance à passer du coq à l’âne : à la fois dans le récit de Rose, mais aussi entre les événements du passé et du présent. Un langage très familier et parfois même très crus. Une jeune fille désorientée, qui a manquer de repères maternelles et qui a aujourd’hui énormément de colère à sortir. Tout s’explique. Cela dit, je n’arrive pas à m’identifier ni au personnage ni à rentrer complètement dans l’histoire.
Je reste sur ma fin…
Vacances mortelles au paradis – Juliette Sachs
« N’allez surtout pas imaginer que j’ai accepté de mon plein gré de passer une semaine en huis clos avec ma famille sur une île, aussi paradisiaque soit-elle. Non, la responsable de cette torture est Estelle, ma sœur. »
Je reconnais bien la plume, le style et le genre de Juliette Sachs. Une intrigue, du suspens le tout avec légèreté et fantaisie. Des personnages décalés, parfois extravagants dans des situations souvent impensables : un roman rocambolesque.
Alice a trente-neuf ans et se retrouve sur l’île Maldives pour célébrer le mariage de sa sœur cadette. Un moment qui ne devrait être que joyeux et festif mais c’est sans compter sur sa famille pour le moins atypique. Une mère intrusive, un père s’abandonnant à retrouver sa jeunesse auprès d’une nouvelle femme. Une belle-mère bien plus jeune qu’elle. Et une sœur qui est l’exemple même de ce que sa mère voudrait qu’elle soit ; c’est-à-dire ayant trouvé un « bon parti ». Mais Alice, elle, est toujours célibataire, ne fait pas vraiment attention à sa ligne et préfère les mojitos à se chercher un homme.
Heureusement, Alice, peut compter sur ses deux meilleurs amis qu’elle a convié au mariage et avec qui elle profite pour faire la tournée des mojitos ! Il y a Sonia son ami de toujours. Et puis Vincent un amour refoulé. Vont-ils profiter de ce séjour pour se trouver ? Ou le beau et charmant Jérôme, rencontrer lors du dîner du mariage, va faire succomber le cœur d’Alice ?
Tout se passait donc à peu près bien quand survient, presque de nulle part, cette employée, complètement alertée : un meurtre vient d’être commis sur cette île paradisiaque.
Mais qui donc a pu commettre ce meurtre ? Un employé ? Un invité ? Une chose est sûre pour la police maldivienne, le coupable est bien ici, sur cette île, et tout le monde est placé en quarantaine.
La pire nouvelle pour Alice ! Bloquée ici avec sa famille !
Devant l’incompétence de la police maldivienne et pour se libérer au plus vite de son insupportable famille ; Alice prend les choses en main et se fait passer pour un détective afin de mener sa propre enquête.
Où va t-elle l’emmener ? Que va t’elle découvrir ? Qui est le coupable ?
Le mystère est maintenue jusqu’aux derniers chapitres.
Juliette Sachs sait nous embarquer au cœur d’une enquête avec humour, ironie et dérision. Alice est un personnage de maître pour interpréter toutes ces qualités !
Une chose est sûre on ne s’ennuie pas et on ne peut qu’avoir l’envie de continuer de tourner les pages une à une pour comprendre le mystère qui entoure le meurtre perpétué sur l’île.
Une vie plus belle que mes rêves – Marilyse Trécourt
« J’ai envie d’être heureuse. Mais aussi, d’être respectée et libre d’être celle que je suis. »
Ce roman est un chef-d’œuvre. L’auteur, Marilyse Trécourt, nous embarque dans un récit émouvant, bouleversant, qui nous invite à une remise en question permanente.
C’est à travers le personnage de Louise, déchirée par des traumatismes d’enfance que nous sommes emmenés à vivre une aventure humaine. Louise à aujourd’hui trente-quatre ans et se trouve professionnellement dans un point mort de sa vie. Elle revient alors à sa passion de jeunesse : le dessin. Un matin, elle se réveille et découvre dans sa cuisine une magnifique peinture, très mystérieuse… Comment est-elle arrivée jusqu’ici ? Qui l’a peint ?
Louise n’a alors aucune idée à ce moment précis que cette peinture va l’emmener à vivre des événements inattendus qui vont l’emporter dans des émotions qui vont la changer à jamais.
Je me suis laissée complètement vivre et submerger par ce livre. Au-delà de suivre une histoire et les aventures d’une héroïne de roman, l’auteur nous fait ressentir des émotions où tout le monde peut s’identifier, se reconnaître et être chamboulé. Bien plus qu’un récit, il s’agit de parcourir son moi intérieur, ses envies les plus profondes, pour s’accomplir humainement.
Un roman à dévorer…